lundi 17 mai 2010

Voyage en Papier (2)

Une ville semble rester une ville. Je m'accroche à l'idée que j'ai de Montréal et je la superpose aux rues, aux immeubles, aux cafés de Berlin ou de Paris pour n'y voir en apparence qu'une translation géographique. Je connaissais probablement déjà, jusqu'à un certain, point ces villes. J'ai dû m'y habituer à force de me faire sans cesse foutre au visage toutes les cartes postales que j'ai lues dans les romans, vues dans les films et entendues dans les histoires qu'on veut bien me raconter. Ce n'est pas que les images que je connaissais étaient fausses comme une carte postale peut l'etre. Simplement, tout ce bagage a pris la même fixité transparente de l'idée répétée et apprise par coeur.

Des immeubles qui demandent au ciel quelque chose que je ne comprends pas. Partout, des centres commerciaux. Partout des jeunes, des restaurants, des bars. Le métro, les voitures.

Berlin: Ville qui semble d'Amérique, malgré elle. L'Histoire qui respirait lentement dans les fissures des murs a été rasée, l'Amérique a bien cela qu'elle arrive mal à transmettre une Histoire qu'elle n'a pas vécue. Pourtant, le rapprochement n'est possible qu'en apparence puisque Berlin a bien vécu son Histoire; on ne peut plus la lire si facilement, voila tout. Les signes du passé ont été balayés ici. Devant des immeubles disparus qui rappellent l'Histoire, on substitue d'autres immeubles identiques - mais faux - qui rappellent les immeubles disparus qui rappellent l'Histoire. La surimpression de souvenirs devient lourde. Devant une nouvelle matrice, on construit. La surimpression de souvenirs qui ne sont pas les miens devient lourde. Lancez-moi au visage les morceax de votre Histoire, je ramasserai ceux qui sont tombés proche de mes pieds pour m'en souvenir.

©Charles Dionne 2010

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