Qu'un poème qui crache
qui arrache la peau des mots
qui anarchise l'étau froid et propre du politique
du phatique écologique
de l'amour de jeunes filles de campagne
et des pauvres tristesses du Québec
Qu'une poétique du carnage
tapage
pour qu'il ne reste que les mots à se lancer aux tripes
que le goût des copeaux de la syntaxe sur la langue
langue de chair et de sang
qui envoie se faire foutre toutes les autres
pour qu'on se désaliène du discours qui chiffonne le verbe
pour oublier la langue-outil
goût de métal
Qu'une ritournelle d'orthographe enchanté
le retour du vacillement de Babel qui s'acharne à chanter
et qui gratte les cendres de Dieu pour faire rire
pour s'enfoncer une lame dans la gorge
pour tester les hurlements
ce qui déchire
et qui s'absente
Qu'une langue coup de gueule
en soulèvement
de tranchées solides
de trachées qui fument
une baïonnette entre les dents
qui perce les joues
des cordes vocales venimeuses
pour cracher un lexique de sang
aux visages blêmes d'enfants dans le trafic
sur les mains froides de vieux
[rêveurs bercés par leur couche
et pour achever les cous serrés dans une cravate
©Charles Dionne 2011
C'est magnifique! puissant...
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