lundi 3 mai 2010

Parenthèse (1)

Je délestes temporairement mes espaces pour en occuper d'autres. Pour ne pas m'égarer - éviter de jamais ne revenir -, je traîne quelques fragments de mes lieux; pour en faire des souvenirs, des aide-mémoires, des promesses de retour. Ma valise en est pleine. Mes vêtements ont gardé l'odeur de mon garde-robe, mes livres celle du soleil sur mon plancher quand je les lisais et même celle - un peu - de leurs librairies.

Les lieux étrangers ne me semblent jamais si inconnus. J'ai occupé Paris déjà à travers les pages de Balzac, de Stendhal. Mais mon époque est une syncope. J'ai occupé Paris déjà dans l'obscurité des cinémas de Montréal. Il ne me reste qu'à éviter de glisser sur le fard qu'on met aux villes des écrans.

N'est-ce pas tout ça: habiter? N'est-ce pas assez? J'écouterai la ville pour chercher quelque bruit familier. Je regarderai les rues et les murs. Qu'est-ce qu'un morceau de chez moi sinon les endroits que je connais?


©Charles Dionne 2010

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